Invitée de l’émission « Carel in the Morning » ce vendredi 11 avril 2025, Angie Bell a partagé son parcours et les raisons de son retour en Haïti. Au micro de Carel Pedre, elle est revenue sur ses engagements dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la gestion des déchets, ainsi que sur son implication croissante au sein de la communauté capoise.
Après plusieurs années passées aux États-Unis, Angie Bell a choisi de s’installer de nouveau au Cap-Haïtien, ville qu’elle considère comme le cœur de son engagement. Autrice, entrepreneure et militante, elle œuvre dans divers secteurs, avec pour objectif de contribuer à l’amélioration des conditions de vie. La culture haïtienne, et en particulier celle du Nord, est au centre de ses préoccupations. « Haïti est ma passion », déclare-t-elle.
En 2004, un coup d’État avait contraint Angie Bell à quitter Haïti. Elle avait alors trouvé refuge aux États-Unis, après avoir perdu sa maison dans un incendie. Mais le lien avec son pays d’origine est resté fort. La perte de son emploi en 2019, puis la pandémie de COVID-19, l’ont convaincue de revenir s’installer dans sa ville natale. Elle évoque une prise de conscience : celle que sa présence était nécessaire, tant pour ses proches que pour le pays.
Aujourd’hui installée au Cap-Haïtien, elle s’implique dans le fonctionnement du Collège Bell Angelot, fondé par son père il y a 36 ans. L’établissement comprend une maternelle, Royaume des enfants, et une université. Elle explique prendre le temps d’en comprendre le fonctionnement et d’observer les changements possibles à y apporter.
Angie Bell insiste sur l’importance de l’éducation comme levier de transformation. « Ma passion pour l’éducation vient du fait que je me suis rendue compte que l’éducation est la base du pays et l’une des seules solutions pour le changement », dit-elle. Pour elle, le développement d’Haïti passe par une éducation solide dès le plus jeune âge. « Un peuple sans éducation est un peuple sans âme, un peuple qui sert les autres sans jamais parvenir à s’élever », ajoute-t-elle.
Elle travaille à faire de l’université un espace de formation axé sur des domaines stratégiques : l’éducation, la diplomatie, la politique publique et l’entrepreneuriat. Un programme de leadership et de gouvernance, d’une durée d’un an, y sera lancé à la fin de l’année. Il vise à former de futurs cadres politiques soucieux de l’intérêt collectif.
Outre son investissement dans l’éducation, Angie Bell s’est également engagée dans la lutte contre l’insalubrité au Cap-Haïtien. Elle a cofondé l’organisation Poubèl Ayiti, qui œuvre à la sensibilisation des citoyens à la gestion des déchets et à la protection de l’environnement. L’organisation collabore avec une douzaine d’écoles et propose diverses activités : campagnes de reboisement, ateliers sur le recyclage, projections de films éducatifs, ou encore Trash and Show, un événement basé sur la valorisation des déchets.
Parallèlement, elle dirige une entreprise de collecte appelée Byen Netwaye. À long terme, elle envisage un projet permettant aux enfants de payer leurs frais de scolarité grâce à l’échange de déchets recyclables.
Un projet éditorial pour les plus jeunes
L’éducation passe aussi par la transmission culturelle. Angie Bell a coécrit, avec Tico Armand, une série intitulée Les aventures de Yaya. Cette collection de douze livres vise à transmettre aux enfants les connaissances, l’histoire et la culture d’Haïti. Un projet éducatif à visée ludique, destiné à un jeune public.
Durant l’entretien, Angie Bell a également évoqué les difficultés que traverse le Cap-Haïtien, la situation actuelle du pays, ainsi que ses projets d’avenir. Elle a exprimé sa volonté de s’impliquer davantage dans la vie publique, dans une démarche qu’elle considère comme une continuité de son engagement sur le terrain.
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Angie Bell sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
