Depuis le Chili, où il réside depuis 2017, Gesny Pierre-Louis s’impose sur la scène internationale du patinage. Né le 17 février 1996 à Cité Soleil, il a développé sa passion en autodidacte avant d’intégrer des compétitions de haut niveau. Son parcours, marqué par la persévérance, lui a permis d’attirer l’attention, notamment sur la page World Skate, un espace reconnu dans le milieu du patinage.
« J’ai appris à patiner tout seul à l’âge de 10 ans », raconte Gesny Pierre Louis. Dans son quartier, il voulait introduire un passe-temps différent. « C’est ainsi que je suis passé devant la cathédrale, j’ai tout constaté et j’ai pris une décision. J’ai commencé à économiser pour pouvoir acheter mes premiers patins. Malheureusement, mes parents ne voulaient pas ça. Ils m’ont beaucoup fouetté auparavant, car en Haïti, les gens qui patinent étaient considérés comme des “Kokorat, Grapyay” », confie-t-il, lors d’une entrevue avec Chokarella.
À l’époque, le patinage n’était pas perçu comme un sport en Haïti. Ce n’est qu’en 2017, après son arrivée au Chili, que Gesny a commencé à voir cette discipline sous un autre jour. « C’est un rêve d’enfance et c’est devenu réalité aujourd’hui. Et je savais que toutes ces choses positives devraient arriver un jour », affirme-t-il.
Sa carrière prend un tournant lorsqu’il décide de participer à sa première compétition au Chili. Malgré des moyens limités, il s’engage avec un patin usagé venu d’Haïti et parvient à décrocher la troisième place. « Je me suis dit que si j’ai réussi à obtenir cette position, c’est que j’ai un talent en moi et que je dois le travailler pour aller plus loin », explique-t-il.
Depuis, Gesny enchaîne les efforts et progresse dans le classement. Il parvient à décrocher la deuxième place, puis en 2019, il remporte la première place, une position qu’il espère conserver jusqu’en 2025.
Père d’une fille, Gesmana Pierre-Louis Moïse, il continue de représenter Haïti sur la scène internationale, avec ou sans soutien. « Ce n’est pas du tout facile à cause des voyages internationaux qui coûtent très cher. Mais nous avons quand même le soutien de quelques volontaires haïtiens », explique-t-il.
Le patinage est pour lui bien plus qu’un sport. « C’est un sport indépendant et on n’a pas besoin d’un groupe de personnes pour s’entraîner en réalité. Pour moi, le patinage n’est pas seulement un sport », souligne-t-il. Orphelin, il s’appuie sur cette discipline pour surmonter des épreuves personnelles. « C’est un moyen qui me permet de me connecter et de me déconnecter de beaucoup de choses dans la vie. Surtout après la mort de ma mère et de mon père », confie-t-il.
En se hissant parmi les meilleurs, il se classe huitième mondial dans la catégorie « Inline Freestyle », plus précisément dans l’épreuve de saut libre. Sa performance dépasse les frontières du Chili et lui permet de se faire un nom en Italie, en Espagne, en Argentine et dans d’autres pays. « Notre drapeau est ce qui nous identifie en tant que nation. Faire flotter le drapeau est une fierté pour tous les Haïtiens, peu importe où ils vivent dans le monde », affirme-t-il.
L’ambition d’aller plus loin
À 29 ans, Gesny Pierre Louis se présente comme le premier Haïtien à évoluer sous les couleurs de son pays au sein de World Skate, une organisation qui classe les meilleurs patineurs et organise des compétitions internationales.
Lors des World Skate Games 2024, en Italie, il a terminé neuvième du classement mondial avec un saut de 1,40 mètre et troisième en Amérique latine. Son prochain objectif : intégrer le top 5 mondial du patinage.
Un défi qu’il aborde avec la même détermination qui l’a mené jusqu’ici.
Par Gerole Midy © Chokarella
