Le photojournaliste haïtien Clarens Siffroy a remporté le prestigieux concours World Press Photo 2025 dans la catégorie “Histoires d’Amérique du Nord et centrale” avec sa série intitulée “Crisis in Haiti”. À travers ces images, il offre un portrait de la violence des gangs qui ravage Port-au-Prince, capturant des scènes de raids, de maisons incendiées, de corps sans vie, la détresse des communautés, le déplacement des familles et la lutte pour la survie au quotidien.
Parmi les plus de 3 700 photographes de 141 pays qui ont soumis plus de 59 000 photos au concours, ce jeune photographe de l’Agence France-Presse s’est démarqué. Son travail a retenu l’attention par sa représentation crue et authentique du chaos quotidien en Haïti. Le jury a salué son courage, soulignant la rareté d’un journaliste local capable de documenter un tel niveau de violence dans un pays où l’information peut être mortelle. Ils ont également apprécié la façon dont il a capturé la terreur et le coût humain en seulement dix photos.
Siffroy, de son côté, affirme être fier de cette distinction, la considérant comme un véritable tremplin en ce début de carrière. « Pri sa fèm santi ke se kounya karyèm komanse antanke photojournaliste. Resevwa yon World Press Photo se te ka pi gran rèv mwen nan 10 ans anko, m’enm wèm resevwal nan selman 1 an karyè », confie Siffroy lors d’une entrevue avec Chokarella.
Clarens Siffroy, photojournaliste né en 2000 et actuellement basé à Port-au-Prince, en Haïti, se distingue par son travail axé sur la capture des réalités sociales et politiques, principalement à travers la narration visuelle des événements haïtiens. Depuis mars 2024, il travaille pour l’Agence France-Presse (AFP), où il documente la crise en cours et la violence généralisée qui secouent le pays. Avant cela, il a collaboré avec des agences de presse telles qu’EFE Noticias, SIPA Presse, et Le Nouvelliste.
Son parcours académique inclut sa participation à la VII Academy, un programme intensif de 12 semaines, et il a également été sélectionné pour participer à l’atelier Eddie Adams, une grande opportunité pour les photojournalistes émergents. Membre de Diversify Photo depuis mars 2024, Siffroy continue d’apporter une perspective unique sur la situation en Haïti, en capturant des moments critiques qui témoignent de la réalité brutale vécue par la population.
La photographie, une passion devenue métier
Clarens Siffroy a découvert sa passion pour la photographie en étant profondément influencé par le talent exceptionnel de son père, un photographe professionnel dont les œuvres ont marqué son enfance. Fasciné par son travail, il a vu son amour pour la photographie se développer naturellement.
Au début de sa carrière, Siffroy ne disposait pas de caméra professionnelle et utilisait son smartphone pour réaliser ses premiers clichés. Malgré la simplicité de cet outil, ses photos ont rapidement captivé ceux qui sollicitaient ses services. Peu à peu, il a été attiré par la photographie journalistique, ce qui l’a poussé à sortir dans les rues de Port-au-Prince pour couvrir une manifestation, une expérience qui l’a profondément marqué et l’a définitivement convaincu d’embrasser cette vocation.
« Ma première sortie dans les rues de Port-au-Prince pour couvrir une manifestation me fascinait. Voilà donc la raison qui m’a poussé à embrasser ce métier », raconte-t-il.
Sa démarche n’est pas seulement motivée par un amour de la photographie, mais également par une volonté de capturer la réalité des événements qui façonnent son environnement, à travers des images fortes et percutantes.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella
