Gwo Tèt, un jeune rappeur pour une nouvelle génération du rap

Né le 30 décembre 1997 à l’hôpital Chancerelle, Jean Donald Gilot, connu sous le nom de scène Gwo Tèt, s’inscrit dans la nouvelle génération du rap haïtien. Inspiré par des groupes emblématiques comme Barikad Crew, Rockfam ou encore Magic Click, il a su forger son propre style en affinant progressivement sa plume. Il revient sur son parcours lors d’un entretien accordé à Chokarella.

Au lycée Alexandre Pétion, Jean Donald Gilot découvre l’écriture à travers le slam et la poésie. Cette première immersion dans l’univers des mots l’amène à s’intéresser davantage au rap, influencé par ses rencontres avec des artistes confirmés. « Le rap me suit tout le temps. Depuis mon jeune âge, j’ai fait beaucoup de rencontres avec des rappeurs professionnels. Ils ont eu beaucoup d’influence sur moi. De temps en temps, j’ai enchaîné des petits groupes, étant donné que j’avais l’habitude de slamer au lycée Alexandre Pétion. Je rédigeais de beaux textes et je m’exposais un peu partout », raconte-t-il.

Originaire de Nazon (Port-Au-Prince) et issu d’une fratrie de cinq enfants, Gwo Tèt grandit dans un environnement où la musique occupe une place centrale. « Pour moi, la musique est un monde d’échappatoire. J’ai abandonné beaucoup de choses pour m’y consacrer. Vu la situation du pays, elle me permet de ne pas sombrer et me donne une ligne directrice. Avant, je fumais, je buvais, mais grâce à la musique, j’ai pu sortir de ce trou. Mon rêve est qu’elle me permette de subvenir aux besoins de ma famille », confie-t-il.

Son chemin vers la musique a été jalonné de difficultés. Afin de subvenir à ses besoins, il a appris la couture, vendu du pain beurré, confectionné des bracelets et imprimé des motifs sur des maillots. « J’ai tout fait pour survivre et me battre pour réaliser mes rêves, car j’en ai beaucoup », explique-t-il.

En mars 2020, Gwotèt entre pour la première fois en studio afin de lancer sa carrière. « Moi et Opak MNG avions déjà essayé à plusieurs reprises d’étaler de petits projets. Par la suite, nous avons décidé de faire notre entrée musicale ensemble. Notre premier morceau était “Jis pou trip”. Les habitants de mon quartier l’ont bien accueilli. Puis, en mars 2020, nous avons lancé notre projet “Nap Kòmanse là”. C’est là que j’ai commencé à enregistrer sérieusement en studio », précise-t-il.

Depuis son enfance, Jean Donald Gilot a été la cible de moqueries en raison de la forme de sa tête, un trait physique qui a fini par lui inspirer son nom de scène. « Le pseudonyme Gwotèt était à la base une moquerie. Tout le monde m’appelait “gwo sèvèl”, “gwo tèt”. J’ai décidé de renverser la situation en ma faveur et de l’adopter comme nom d’artiste quand j’étais au lycée Alexandre Pétion. Au début, cela m’affectait, mais j’ai fini par l’accepter comme une force. Finalement, je me sens à l’aise avec ce nom », confie-t-il.

D’abord réticents face au choix artistique de leur fils, les parents de Gwo Tèt, très attachés à leur foi, n’ont pas immédiatement accepté son engagement dans le rap. « Je suis né dans une famille chrétienne. Elle ne voyait pas le rap d’un bon œil. Elle le considérait comme un univers de débauche. Mais au fur et à mesure, j’ai fait mes preuves et ils ont fini par l’accepter. Aujourd’hui, ils me soutiennent dans tout ce que je fais », explique-t-il.

Gwo Tèt nourrit de grandes ambitions pour sa carrière. « Je veux faire partie des rappeurs les plus influents de ma génération. Dans cinq ans, je me vois déjà à l’échelle internationale, en train d’exposer mon talent et de produire au moins deux ou trois albums », déclare-t-il.

Cependant, il reconnaît que le chemin est semé d’embûches. « Il n’est pas facile de réaliser ses ambitions par manque de moyens et de soutien. Avec tout ce qui se passe actuellement dans notre pays, il faut beaucoup de courage pour avancer », souligne-t-il.

Le 30 décembre 2021, il sort un EP intitulé Le rap va bien, composé de cinq titres : Le rap va bien, Sou chimen pèdi tan, Geto a pa limit nou, Game over et Zanmi m.

Et enfin, le 23 février 2025, le jeune rappeur a sorti son EP de 5 morceaux titré Asansyon part 1 : 27 an, Map chèche chimenm, Tout ti sam genyen, Yèreswa, Kanpe pou râpe feat. Lord Imp.

Par Gerole Midy © Chokarella

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.