L’écrivain Inéma Jeudi a été distingué lors de la troisième édition du « Konkou Lèt Kojès » aux côtés de deux autres lauréats, dont Rebecca Cherenfant et Fabien Cima, le samedi 22 février au Centre Culturel Pyepoudre, pour l’ensemble de ses œuvres littéraires. Ce prix, qui vise à encourager la création littéraire chez les jeunes, lui a été décerné à l’occasion de la clôture du festival Jèn Solèy.
Toutefois, cette distinction est marquée par une profonde émotion pour l’écrivain. “Je n’ai plus d’entrailles pour parler du prix. Frankétienne est mort le 20 février dernier à Port-au-Prince. Je ne le célèbre pas, car Frank s’est déplacé. Si je cesse de fumer, c’est grâce à lui. Dès la réception de la nouvelle de son départ, je n’ai plus mes membres”, a-t-il confié à nos confrères du quotidien Le Nouvelliste. Par ailleurs, l’auteur de “Gouyad Legede” a dédié son prix à la famille ainsi qu’à l’éternité de Frankétienne, entre autres. Il a ajouté que s’il a cessé de fumer, c’est grâce aux conseils que l’auteur de “Dezafi” lui a prodigués dans ses moments sombres.
En effet, Inéma Jeudi a bâti sa carrière poétique en s’inspirant de la réalité haïtienne. Il entend ainsi assumer son rôle de poète engagé en faisant de sa poésie un pont entre plusieurs générations. D’après le communiqué des organisateurs du concours, le jury a choisi l’écrivain pour ce grand prix en raison de sa capacité à interroger et à renouveler la poésie haïtienne. De plus, son œuvre est largement appréciée du public, notamment des textes tels que “Salon Peuple”, “Jeudinema”, “Krèy bobèy”, “Make in Kay Vwazen” et “Failli Propre”.
Cette année, le Kolektif Jèn Solèy (Kojès) a inauguré un nouvel espace de rencontre littéraire et artistique au sein du milieu culturel haïtien : la première édition du festival Jèn Solèy. Cette initiative a été prise dans l’optique de connecter les jeunes plumes du pays et d’apporter une lueur d’espoir aux habitants de l’île à travers la culture. Ainsi, l’événement s’est tenu du 20 au 22 février dans plusieurs sites culturels répartis sur trois communes de Port-au-Prince : Pétion-Ville, Delmas et Cité Soleil, cette dernière étant la commune natale du Kojès.
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Par ailleurs, lors de ce festival, qui se veut un rendez-vous incontournable pour les passionnés de littérature, une série d’activités a été organisée afin de répondre aux attentes du public. Parmi elles, on retrouvait des ateliers d’écriture, de danse, de lecture et bien d’autres encore. De plus, pour favoriser le rapprochement entre les figures établies du milieu culturel et les nouvelles générations, les organisateurs ont invité des personnalités de renom telles que Lyonel Trouillot et Luis Bernard Henry à animer des ateliers durant cette édition 2025, placée sous le thème : “Dire pour exister”.
En outre, de nombreuses autres activités ont été mises en place autour de ce thème : conférences, expositions de dessins, performances scéniques et débats, entre autres. Afin de donner encore plus de relief à cette édition, un “vendredi littéraire” a été organisé en hommage à un texte de l’auteure Adelyne Bonhomme.
Cependant, malgré la volonté et la détermination des organisateurs, la tenue de cette édition a été confrontée à d’importants défis économiques. En effet, bien que plusieurs institutions aient manifesté leur intention de soutenir ce projet culturel, la montée des violences meurtrières a entraîné le déplacement d’une partie importante de la population de la région métropolitaine, ce qui a empêché ces institutions de tenir leurs promesses. Face à ces difficultés, les membres du Kojès ont dû compter sur le soutien de leurs sympathisants et de leur équipe pour mener à bien cette édition du festival.
Par Youbens Cupidon © Chokarella