Le chanteur haïtien Gregory Telfort a publié une nouvelle version de sa chanson “Loyiz” sur sa page YouTube à l’occasion de la Saint-Valentin. Invité de l’émission “Carel In The Morning” ce lundi 17 février 2025, l’artiste, récompensé lors du concours de chant de Noël organisé par Télémax, est revenu sur les raisons de cette relecture et sur son absence prolongée de la scène musicale.
“Loyiz était mon premier amour d’enfance, elle était très belle, notre histoire aussi. Je me souviens de la première fois que je lui ai présenté cette chanson : il était 18 heures, nous étions assis devant une église et j’ai joué de la guitare en chantant pour elle”, a-t-il confié. Le prénom “Loyiz” était bien celui de la jeune femme qui a inspiré ce titre.
Composée avant sa victoire au concours de chant de Noël de Télémax, la chanson a été enregistrée sous la direction de T-Ansito quelques mois après la finale. Pour cette nouvelle version, c’est le maestro Jean Max Valcourt, ami de longue date du chanteur, qui a pris en charge la production, marquant ainsi un nouveau chapitre dans la carrière de l’interprète de “Fanm Lakay”.
En publiant cette réadaptation à la demande de ses admirateurs de longue date, Gregory Telfort entame une tournée médiatique pour présenter son projet. Il cherche à relancer pleinement sa carrière musicale et souhaite collaborer avec de nouveaux partenaires. “Je suis prêt à travailler avec toute personne qui peut contribuer à l’évolution de ma carrière”, affirme-t-il.
Originaire de Baron, dans le nord d’Haïti, Gregory Telfort a trouvé très tôt son inspiration dans la nature environnante. Enfant, il accompagnait sa grand-mère Julia Telfort au jardin et était fasciné par le chant des oiseaux, le bruit des ruisseaux et les arbres qui l’entouraient. Plus tard, installé au Cap-Haïtien, il s’est découvert une vocation artistique, explorant la peinture et le théâtre avant de se tourner vers la musique. En octobre 2000, il publie son premier album, “Bèl Ayiti”.
Après la sortie de cet album, il se produit dans plusieurs événements à travers le pays, notamment dans la capitale. En juin 2001, il chante lors du concours Miss Vidéomax, une prestation qui lui vaut une ovation et qui le pousse à s’inscrire au concours de chant de Noël de Télémax. “Mon objectif était de promouvoir mon album, pas de remporter le premier prix”, assure-t-il.
Conscient du niveau des candidats et de la qualité des productions présentées, Gregory Telfort cherche à proposer une chanson originale. Il puise son inspiration dans un épisode marquant : lors d’un voyage en bus entre Cap-Haïtien et Port-au-Prince, le véhicule tombe en panne et les passagers doivent descendre. Pendant l’attente, il rencontre une fillette vendant des fruits qui aurait dû être en classe à cette heure-là. Touché par son histoire, il compose “Papa Nwèl Mwen Se Papa M”.
Motivé par sa performance à Miss Vidéomax, il soumet son texte à plusieurs personnalités du milieu musical, dont Johnny Célicourt et Jean-Claude Martino, avant de faire appel à Caleb Desrameaux pour l’aider à trouver un arrangeur. Celui-ci le met en relation avec le pianiste Fabrice Rouzier. “Je lui ai dit que je voulais un Yanvalou et, en moins de deux heures, la chanson était terminée”, raconte-t-il.
Le concours est une réussite pour lui, et son nom résonne dans le paysage musical haïtien. Fort de cette reconnaissance, il sollicite Ansito Mercier père pour produire son deuxième album. Ce dernier le renvoie vers son fils, T-Ansito, et quelques mois plus tard, il sort “Loyiz” en prélude à son projet “Rèv / Reyalite”, publié en juillet 2003. Avant la sortie, Ansito Mercier père ajoute sa touche personnelle, une contribution que Gregory perçoit comme une bénédiction.
Si l’album est bien accueilli et ses morceaux largement diffusés, un problème survient : la contrefaçon. “Un jour, alors que je marchais dans les rues de Port-au-Prince, j’ai vu mes disques pirates exposés à la vente. J’ai abordé le vendeur pour lui en parler, mais il m’a expliqué que c’était son moyen de subvenir aux besoins de sa famille”, raconte-t-il. Face à cette réalité, il prend conscience des difficultés à vivre de sa musique.
Les contraintes financières freinent ses ambitions. “Je n’avais pas de sponsors, ce sont mes amis qui m’ont soutenu”, confie-t-il. Malgré le succès de ses chansons, il peine à financer ses clips et ses projets. Un spectacle organisé sur la route de Frères, avec la participation de Mikaben et du groupe Top Digital, est interrompu faute de carburant. Face à ces obstacles, il doit choisir entre sa carrière musicale et le bien-être de sa famille.
En 2004, il quitte Haïti pour les États-Unis, un tournant décisif. “En arrivant, j’ai réalisé que ma famille était ma priorité”, explique-t-il. Depuis, il continue de composer seul, produisant une chanson chaque année.
“Dans cette industrie, les jeunes artistes et ceux qui évoluent en solo rencontrent de nombreux défis. En tant que père de famille, j’ai dû mettre ma carrière musicale en second plan. Mais le lien entre moi et la musique reste fort, et je continuerai à créer”, assure-t-il.
Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Gregory Telfort sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous
Par Youbens Cupidon © Chokarella
