Dans le paysage littéraire haïtien, « Bout Souf » de Philippeson Juste, sorti le 28 décembre 2024 à Cuba, se distingue par sa manière de capturer les réalités contemporaines d’Haïti. Ce recueil, structuré en une série de poèmes introspectifs, plonge au cœur des expériences personnelles de l’auteur tout en offrant un miroir des complexités sociales et culturelles de son pays.
Originaire de Jérémie, une ville surnommée « Cité des poètes », Philippeson Juste a grandi dans un environnement où la littérature servait de refuge face aux défis du quotidien. Diplômé en médecine de la Faculté de La Havane, il allie sa vocation pour la santé à une passion pour l’écriture et la photographie.
« La poésie est une nécessité vitale, un espace où je peux explorer ce que les mots ordinaires ne saisissent pas », explique Philippeson. Cette vision guide son travail dans Bout Souf, où les récits personnels se croisent avec des thèmes universels, créant une œuvre à la fois intime et ouverte au monde.
Bout Souf : Origine et signification
Selon le poète, l’écriture de Bout Souf a nécessité trois ans d’introspection et d’observation. Le titre du recueil, qui signifie littéralement « bout de souffle », illustre un moment où l’effort atteint son paroxysme, où chaque respiration devient une lutte mais aussi un triomphe.
« Bout Souf symbolise cet instant où l’on est tenté d’abandonner, mais où l’on trouve aussi la force de continuer », déclare Philippeson lors d’une entrevue avec la rédaction de Chokarella. Ce thème de la résilience traverse tout le recueil, où il explore des sujets variés tels que l’exil, l’amour, les fractures sociales et la mémoire collective. En choisissant d’écrire en français et en créole, il établit un pont entre son identité culturelle et une quête d’universalité.
Haïti au centre de l’œuvre
Haïti occupe une place centrale dans Bout Souf. Philippeson Juste y dresse un portrait de son pays, non seulement en crise, mais aussi riche de son histoire et de ses traditions. Les poèmes capturent la vie quotidienne avec une attention particulière aux tensions sociales et aux espoirs qui animent la population.
« Mon écriture reflète les tensions et les réalités que l’on préfère parfois ignorer », affirme-t-il. Pour lui, écrire est une manière de poser un regard lucide sur Haïti tout en célébrant sa complexité.
Il est à noter que « Bout Souf » ne se limite pas aux mots. Les illustrations de Chevelin Pierre apportent une profondeur visuelle à l’œuvre, prolongeant les émotions évoquées par les poèmes. Pour Philippeson, ces images ne sont pas de simples décorations : elles participent pleinement au dialogue entre le texte et le lecteur.
La collaboration avec les Éditions PapyeNèf reflète un travail collectif minutieux. L’objectif était de produire une œuvre qui dépasse le cadre littéraire pour devenir un objet de réflexion et d’échange.
Avec Bout Souf, Philippeson Juste aborde des questions universelles comme la quête de sens, la résilience et la nécessité de se réconcilier avec ses propres contradictions. Ce recueil invite chaque lecteur à réfléchir sur son propre chemin, à s’interroger sur les défis qui ponctuent la vie et à trouver, dans les mots, une source de force pour continuer.
« L’œuvre encourage à s’arrêter, à prendre conscience du souffle qui nous anime, et à retrouver, dans les poèmes, une forme de réconfort ou de courage », confie-t-il.
En plongeant dans Bout Souf, chaque lecteur se confronte à une partie de lui-même. Philippeson Juste ouvre un espace de dialogue et de réflexion, où les silences deviennent des opportunités pour comprendre et avancer. Ce recueil, par sa profondeur et son authenticité, témoigne de l’importance de la littérature comme miroir des réalités contemporaines.
Par John Wilson Felix © Chokarella