Magdaline Raphael, également connue sous le pseudonyme de Pope Nwè, est une figure incontournable de la scène culturelle haïtienne contemporaine. Entre artisanat, mannequinat et création de contenu, elle s’engage activement à promouvoir et préserver l’identité haïtienne.
Dans un monde où l’uniformité menace les identités locales, Magdaline choisit de se démarquer. « Nous avons des trésors culturels que le monde doit découvrir », déclare-t-elle lors d’une entrevue avec Chokarella. Cette conviction fait d’elle une actrice essentielle dans la mise en avant de l’héritage haïtien, incitant une nouvelle génération à embrasser sans compromis leur culture.
L’engagement de Magdaline débute dans le secteur de l’artisanat. Très tôt, elle comprend que ce métier va bien au-delà de la simple production. Il est un vecteur de mémoire collective. « L’artisanat haïtien raconte nos luttes, nos rêves, notre résilience », souligne-t-elle. Cependant, elle regrette le manque de reconnaissance dont souffre cette activité. « Beaucoup ignorent encore la richesse et la qualité de nos créations. Nous devons briser ce mur d’indifférence. »
Son objectif est clair : faire connaître les produits artisanaux haïtiens au-delà des frontières. « Je veux que chaque produit fait main devienne une ambassade culturelle, portant haut nos traditions. » En 2023, elle initie des formations pour de jeunes artisans, les incitant à intégrer des récits dans chaque création.
Tout en poursuivant sa carrière d’artisane, Magdaline s’intéresse au mannequinat. Si elle commence timidement, elle réalise rapidement que cette plateforme lui permet de représenter une autre facette de la culture haïtienne. « Je me suis rendu compte que je pouvais utiliser cette plateforme pour représenter une autre facette de la culture haïtienne », confie-t-elle.
Loin des standards de beauté imposés, elle plaide pour une vision de la beauté diversifiée, enracinée dans l’authenticité. « La beauté haïtienne est unique. Elle ne se résume pas à des critères définis par d’autres. Mon rôle est de briser ces stéréotypes », affirme-t-elle. À travers le mannequinat, elle cherche à encourager la jeunesse à accepter et à célébrer sa propre apparence.
Parallèlement, Magdaline se tourne vers les réseaux sociaux, non seulement pour divertir, mais aussi pour sensibiliser. Ses publications abordent des thèmes comme l’acceptation de soi et la valorisation de la culture haïtienne. « Être créatrice de contenu, c’est plus qu’un passe-temps. C’est une mission pour éduquer et inspirer », explique-t-elle. Par ses textes et visuels, elle attire une audience fidèle.
L’un de ses posts les plus populaires, où elle pose vêtue de tenues traditionnelles haïtiennes, a suscité un débat sur la place de ces vêtements dans la vie quotidienne. « Mon objectif est de rappeler aux jeunes que leur culture est une force, pas un fardeau », souligne-t-elle. Magdaline organise également des discussions en ligne pour échanger avec sa communauté sur l’identité et l’autonomisation. « Je veux que mes followers repartent avec quelque chose de concret, une idée, une motivation pour avancer », conclut-elle.
Malgré la diversité de ses activités, Magdaline parvient à les lier de manière cohérente. « Mon travail d’artisane nourrit ma créativité en mannequinat. Et le mannequinat, à son tour, inspire mes messages sur les réseaux sociaux », explique-t-elle. Cette complémentarité lui permet de maximiser son impact tout en restant fidèle à ses valeurs. « Chaque projet, chaque action s’inscrit dans une vision globale : celle de voir la culture haïtienne rayonner », ajoute-t-elle.
Cependant, représenter la culture haïtienne comporte des défis. « Le manque de soutien local, la compétition internationale et les stéréotypes sont des obstacles réels », admet-elle. Mais Magdaline choisit de transformer ces difficultés en opportunités. En 2024, elle prévoit de lancer une campagne de sensibilisation pour inciter les jeunes Haïtiens à s’engager dans les industries créatives. « Nous devons être les premiers à valoriser notre propre culture si nous voulons que le reste du monde la respecte », insiste-t-elle.
Magdaline Raphael est bien plus qu’une artisan, une mannequin ou une créatrice de contenu. Elle se positionne en ambassadrice de la fierté haïtienne, prouvant qu’il est possible de concilier tradition et modernité. « Je ne veux pas seulement être reconnue pour ce que je fais, mais pour ce que je représente : l’espoir d’une jeunesse consciente de sa valeur et de son potentiel », conclut-elle.
À travers ses diverses activités, Magdaline continue de tracer un parcours inspirant, soulignant que l’amour des racines culturelles peut être une source inépuisable de force et de créativité.
Par John Wilson Felix © Chokarella