Chanteuse et comédienne, Lorrane Stessie Charles est une passionnée de la culture haïtienne qui explore les multiples facettes de son patrimoine. Entre musique et théâtre, elle trace un chemin guidé par une discipline rigoureuse et un attachement profond à ses racines.
Née à Port-au-Prince le 19 décembre 1992, Lorrane a quitté sa ville natale à l’âge de 10 ans avec sa mère et ses frères et sœurs pour s’installer à Fonds-Parisiens en quête d’une vie meilleure. C’est là qu’elle a découvert la musique et le théâtre à travers son église, où elle occupait le rôle de chanteuse principale dans la chorale.
De retour à Port-au-Prince, elle a poursuivi sa formation scolaire au Lycée National de Pétion-Ville tout en gravissant les échelons dans la sphère musicale. Elle a notamment rejoint un chœur de gospel, collaborant avec des figures importantes de la communauté évangélique haïtienne. Après le séisme de janvier 2010, elle a élargi son répertoire en s’intéressant à la musique traditionnelle haïtienne.
En 2018, Lorrane s’est engagée dans plusieurs projets culturels. Elle a d’abord intégré le groupe exclusivement féminin Marabou Mizik, qui se produisait dans des restaurants et lors d’événements privés. Elle a ensuite rejoint l’association Bote Kreyòl Ayiti (BKA), dédiée à la valorisation du patrimoine immatériel, où elle a fondé la cellule Kè Kolibrid BKA pour l’interprétation de musiques traditionnelles.
En collaboration avec Amwalaye et Mirla Haïti, elle a contribué à des morceaux tels que Nou se moun, en hommage à Claudine Saintal, et Ginen. La pandémie de COVID-19 a marqué un tournant décisif : “En octobre 2020, j’ai rencontré Rolando Étienne, qui m’a aidée à construire une équipe dynamique avec des musiciens comme Calerbre François et Ferdinand Jean-Baptiste. Grâce à eux, j’ai exploré de nouveaux genres musicaux comme la bossa-nova, le jazz et le blues”, confie-t-elle.
En 2022, Lorrane a suivi une formation de huit mois au Petit Conservatoire d’Art Dramatique pour professionnaliser son jeu d’actrice. Elle explique que le théâtre lui a appris à mieux maîtriser sa présence sur scène, un atout qu’elle utilise également dans ses performances musicales.
En février 2024, elle a participé à une résidence artistique en France dans le cadre du programme Tambour, à Cergy. Ce séjour lui a permis de se concentrer sur un projet centré sur le vodou, qu’elle décrit comme une opportunité de redéfinir sa pratique artistique à travers les traditions ancestrales. Elle a également pris part à deux festivals, représentant la culture haïtienne à travers des prestations de 90 minutes.
De retour en Haïti, Lorrane envisage plusieurs projets, notamment la mise en musique des textes écrits durant sa résidence, des ateliers pour enfants sur la musique traditionnelle et un concert de restitution.
Au théâtre, elle a récemment été à l’affiche de la pièce Quelques en décembre lors de la 21ᵉ édition du Festival Quatre Chemins, partageant la scène avec des artistes de renom comme Daniel Marcelin et Syto Cavé. Elle y interprétait le rôle de “la femme à la fenêtre”.
À travers ses initiatives, Lorrane Stessie Charles continue d’explorer et de partager la richesse de la culture haïtienne, portée par un équilibre entre tradition et innovation.
Par Youbens Cupidon © Chokarella
