Depuis que la mère de Kenny Haïti a demandé à Carel Pedre de diffuser une chanson de son fils sur Chokarella, autrefois (The Morning Show), l’émission matinale la plus populaire en Haïti à l’époque, la carrière du chanteur a pris son envol. Aujourd’hui, il est l’un des artistes incontournables de la scène musicale haïtienne. Son premier album, Time to Shine, sorti le 19 septembre dernier, marque une étape importante dans son parcours.
Dans une interview avec Carel Pedre diffusée le 16 novembre sur Chokarella, Kenny a retracé les moments marquants de sa carrière et la genèse de cet album.
« J’ai commencé entre 2011 et 2013, influencé par des groupes comme Barikad Crew et Rockfam, et au sein d’un groupe de rap appelé Trajedi », raconte Kenny. En 2016, après avoir quitté ce groupe, il décide de se consacrer pleinement à la musique. Malgré les nombreux refus essuyés pour des collaborations, il persiste.
Une étape marquante de son parcours est sa collaboration en 2017 avec Roody Roodboy sur la chanson « Paka Ranplase w ». Bien que de courte durée, cette expérience lui permet de se faire connaître. Peu après, Kenny abandonne ses études et son emploi pour se consacrer entièrement à la musique, soutenu par sa mère, l’une de ses plus grandes admiratrices.
Lors de sa première tournée en Haïti, Kenny garde en mémoire ses prestations à Carrefour-Feuilles et au Cap-Haïtien. “À Carrefour-Feuilles, j’ai demandé à jouer avant Gshytt, car j’avais peur de clôturer la soirée”, avoue-t-il. Mais c’est au Cap-Haïtien, porté par une foule dense, qu’il prend confiance.
Avec des titres comme « Jou pa nou Rémix » en 2018, « Gen Bagay » avec Yani en 2019 et « Kafou jòf » avec Franco Love, il parvient peu à peu à s’imposer sur la scène musicale haïtienne.
Un premier album aux choix audacieux
Avec Time to Shine, Kenny Haïti prend des risques artistiques. Contrairement à de nombreux artistes qui explorent les peines d’amour, il choisit de mettre en avant des aspects positifs des relations. “Tout le monde ne souffre pas en amour. Il y a aussi de belles histoires”, souligne-t-il.
Le titre annonciateur de l’album, Kriye, aborde la question de la santé mentale, un choix inattendu. “Je voulais me démarquer, mais ce choix m’a fait douter. La réaction escomptée n’a pas été atteinte au départ”, admet-il.
L’un des morceaux les plus populaires de l’album, Kle Kou, a failli ne jamais voir le jour. Ce titre, ajouté à la dernière minute à l’album sur la suggestion de son manager, est désormais un des favoris du public.
L’album a été publié plus tôt que prévu, suite à une erreur de Kenny, mais cela n’a pas freiné son succès. “Ce soir-là, j’ai pleuré. C’était un moment de pur contentement”, confie-t-il.
Un artiste en pleine ascension
Avant Time to Shine, Kenny avait déjà fait parler de lui avec son EP Versatile en 2023 et plusieurs collaborations. En 2024, il est apparu sur cinq albums et prévoit encore d’autres collaborations. Sa stratégie de multiplier les projets lui a permis de gagner en visibilité.
Pour clore l’année, Kenny prépare un grand concert le 6 décembre, réunissant les artistes présents sur son album. Plusieurs autres dates en Haïti sont prévues pour permettre à ses fans de découvrir Time to Shine en live.
En attendant, les fans peuvent découvrir le clip de Fake Friends et espérer les prochaines vidéos de Pour elle et Kle Kou.
Un tournant personnel et artistique
Pour Kenny, la famille a joué un rôle déterminant dans son évolution musicale. “L’amour d’un parent pour son enfant ne peut être expliqué. Cela a influencé ma façon de me présenter dans la musique”, confie-t-il. Son fils de trois ans a même contribué à l’introduction de l’album avec sa voix. “Il était mon meilleur ami durant la réalisation de cet album. Il chante tout le temps mes chansons”, partage-t-il.
Kenny Haïti, qui n’a cessé de multiplier les collaborations et de repousser ses limites, semble prêt à conclure l’année 2024 en beauté avec son concert événement et de nouveaux projets.
Voici l’intégralité de l’interview de Carel Pedre avec Kenny Haïti, disponible sur la chaîne YouTube de Chokarella :
Par Gerole Midy et Soph-Edson V. Jean Baptiste © Chokarella
