La fondation « Bohio Ayiti », lancée par Lourdy Morland, une Haïtienne vivant en France, et André Delpuech, propose une solution pour préserver et valoriser le patrimoine haïtien.
Fondée il y a deux ans, cette initiative vise à promouvoir la culture haïtienne en mettant en avant la nature, l’histoire, et les arts du pays, sous la devise « Ensemble, changeons l’image d’Haïti, en choisissant la beauté ».
Lourdy se questionne sur l’identité haïtienne et ce qu’elle apporte au monde : « Qu’est-ce qu’on vend au monde? Qu’est-ce qu’on a? »
Elle poursuit : « Nous sommes le témoin de tout ce patrimoine. Nous sommes l’admiration de l’humanité toute entière. Nous sommes là. Nous avons été créés. Nous avons des témoignages. La Citadelle est là. Nous sommes le premier empire. Le premier peuple à lutter pour notre indépendance. Que ce soit dans la culture ou dans la littérature, nous sommes là. Nous sommes les meilleurs. » Ces interrogations traduisent les objectifs de Boyo Ayiti pour redonner à la culture haïtienne une visibilité perdue, et de replacer cette identité au centre de l’échiquier international.
Une réponse au manque de visibilité du patrimoine haïtien
Consciente du besoin de réhabiliter l’image d’Haïti au niveau international, Lourdy Morland a expliqué son projet lors du dernier Chokarella Paris Takeover avec Carel Pedre. Elle décrit une mission qui va au-delà de la simple promotion culturelle : « Quand tout tombe, tout ce qu’il nous reste, c’est notre culture », a-t-elle affirmé, citant Dany Laferrière. À travers cette fondation, elle cherche à renforcer l’identité haïtienne en rendant hommage à son histoire, souvent négligée.
La fondation travaille à inclure divers acteurs pour enrichir le projet. Associations, personnalités partageant une vision commune, et un comité scientifique sont mobilisés pour favoriser la diffusion de la culture haïtienne à l’étranger. L’un des objectifs de « Bohio Ayiti » est d’intégrer ce patrimoine dans le paysage culturel de Paris, en contribuant à pallier le manque de visibilité de cette culture dans la capitale française.
Des projets pour transformer la perception de la culture haïtienne
Un exemple récent des actions menées par Bohio Ayiti est l’exposition de 94 œuvres haïtiennes à la galerie Monard de Miami. Cette manifestation a non seulement mis en lumière des œuvres artistiques uniques, mais elle a aussi suscité l’intérêt de partenaires, comme l’artiste Gaëlle Monard, pour d’autres collaborations.
Parmi les projets à venir, Lourdy souhaite explorer le thème de l’immigration et de l’identité des femmes haïtiennes en Europe, en collaboration avec Pascal Monard. L’expansion du projet vers les États-Unis et le Canada, notamment avec des partenaires comme la Maison d’Haïti, est également en cours de réflexion.
Un engagement pour le patrimoine haïtien à long terme
Bohio Ayiti prévoit d’ores et déjà une série de projets pour renforcer ce lien avec la culture haïtienne, notamment des pièces de théâtre sur Anacaona, ainsi qu’une exposition prévue en mai 2025 consacrée aux femmes haïtiennes et à leur expérience migratoire. L’exposition sur la dette, autre initiative en préparation, s’inscrit dans la volonté de la fondation de susciter un dialogue autour de thèmes essentiels pour le peuple haïtien.
En donnant une place centrale à la culture et à l’histoire d’Haïti, « Bohio Ayiti » espère ainsi changer la perception de ce patrimoine et encourager la diaspora à se réapproprier son héritage culturel.
Par Gerole Midy
Voici l’intégralité de l’interview de Lourdy Morland avec Carel Pedre