La Journée mondiale des donneurs de sang, célébrée le 14 juin chaque année, met en lumière l’importance du don de sang pour sauver des vies. Sous le slogan « Sang, plasma : partageons la vie, donnons souvent ! », cette journée honore les héros et héroïnes qui font preuve de générosité en offrant ce précieux don.
En Haïti, le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) joue un rôle essentiel dans la collecte et le stockage de ce liquide vital. Étant donné qu’il n’existe aucun substitut au sang humain, le don régulier de sang et de plasma devient une action nécessaire et cruciale. Louino Robillard, co-initiateur de l’initiative citoyenne Konbit San Pou San (KSPS), l’a bien compris. Lors de notre entretien, il nous a expliqué son engagement envers cette cause spéciale, en l’honneur de ceux et celles qui font volontairement don de leur sang.
Selon l’OMS, « le manque d’accès à du sang et à des produits sanguins sûrs – en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – affecte tous les patients, y compris ceux qui ont besoin de transfusions régulières ». Cette situation concerne également les Haïtiens et Haïtiennes qui nécessitent des transfusions à vie, qui ont été victimes d’accidents ou qui doivent subir des interventions chirurgicales. Selon les données de la CNTS, la demande de poches de sang varie entre 70 000 et 80 000, tandis que l’institution parvient à peine à obtenir entre 20 000 et 25 000 poches. Ce décalage démontre notre vulnérabilité en matière de transfusion sanguine. C’est suite à une expérience personnelle malheureuse que Louino a eu l’idée de créer KSPS, qu’il a cofondé avec la Dr Cassandra Jean François en 2020. Ils ont organisé leur première collecte le 12 janvier 2021, en mémoire de ceux et celles qui ont perdu la vie faute de sang disponible lors du tremblement meurtrier de 2010.
Les donneurs se divisent en trois catégories distinctes : les volontaires non rémunérés, les proches ou membres de la famille, et les personnes rémunérées. Louino a estimé que sa propre contribution en tant que donneur régulier de sang pourrait s’avérer insuffisante. C’est pourquoi il a voulu sensibiliser la population haïtienne, en particulier les professionnels concernés, afin qu’ils adoptent une pratique régulière du don de sang. « Un homme peut donner son sang trois à quatre fois par année », rappelle l’initiateur de Konbit San Pou San qui avance que ce dernier repose sur trois axes : la sensibilisation et la mobilisation en faveur de cette noble cause, la collecte de sang pour alimenter notre banque nationale et le plaidoyer auprès des acteurs et des institutions concernées, tels que le Ministère de la Santé Publique et de la Population et le Centre National de Transfusion Sanguine.
La résolution WHA63.12 de l’Assemblée mondiale de la Santé appelle tous les États membres à mettre en place des systèmes nationaux d’approvisionnement en sang basés sur des dons volontaires non rémunérés et à s’efforcer d’atteindre l’autosuffisance. L’objectif de Louino Robillard et de sa « coumbite », comme il aime l’appeler, est de mobiliser tous les secteurs et les forces vives de la nation pour se conformer à cette résolution. Tant que cet objectif ne sera pas atteint, il estime que nous
continuerons à effectuer des démarches personnelles pour aider nos proches, alors que cette problématique concerne chacun d’entre nous. Selon lui, tout le monde peut contribuer à sa manière, même ceux qui ne peuvent pas donner leur sang en raison de problèmes de santé. Il est possible de sensibiliser d’autres personnes au don de sang, de devenir volontaire lors des campagnes, de participer financièrement ou encore de prendre soin de sa propre santé grâce à une alimentation saine, parmi d’autres actions.
Le don de sang s’inscrit dans une démarche solidaire et pérenne, constituant un geste primordial pour préserver des vies humaines. C’est pourquoi les donneurs de sang sont célébrés chaque année à travers le monde le 14 juin. Certains en font une affaire personnelle, en donnant régulièrement leur sang pour sauver d’autres vies, tandis que d’autres, comme Konbit San Pou San, y voient l’opportunité de lutter pour le bien-être collectif. Ils appellent chacun d’entre nous à participer à la résolution de cette problématique au niveau national en apportant leur propre contribution et partager la vie à travers le don de sang qui est un don de soi.
Widenie Bruno
Don de vie, don de soi pour le bien-être collectif