Parler de cinéma en Haïti, c’est remonter au 19ème siècle, lors de l’apparition du cinématographe des frères Lumière, passer par ses débuts balbutiants et constater ce qu’il en est aujourd’hui.
Brève historique
Le 14 décembre 1899, Joseph Philippi, représentant des frères Lumière, amène le cinématographe en Haïti, soit quatre ans après son invention. Il organise la première projection publique au Petit Séminaire Collège Saint-Martial. Dès le lendemain, ce dernier filme un incendie qu’il projettera au public le 30 décembre sous le titre « Dernier incendie du 15 décembre 1899 à Port-au-Prince ». Cette scène filmée constitue ainsi la première réalisation du cinéma haïtien. Après son départ, il faudra attendre l’année 1907 pour les premières projections en continu dans la première grande salle de cinéma du pays, le Parisiana, située au Champ-de-Mars.
Les débuts
Ricardo Widmaier fut à la fois un pionnier dans le domaine de la radio et celui du cinéma. Il va participer à la production et la réalisation, avec Édouard Guilbaud, du premier film haïtien, «Moi, je suis belle», sorti en 1960 avec Jean Léopold Dominique à la narration. Sous la dictature des Duvalier, la production sur le territoire va ralentir, mais les exilés tels que Arnold Antonin vont continuer à produire et à tourner. En 1976, sort le premier film de fiction haïtien (un court-métrage) sous la direction de Raphaël Stines, intitulé M ap palé nèt, adapté de la pièce Le bel indifférent de Jean Cocteau. Il faut également citer Bob Lemoine qui projette Olivia en 1977 et Rassoul Labuchin avec Anita sorti en 1980.
Statut actuel
Le cinéma en général, d’abord vu comme un art du spectacle, englobe la production, le tournage jusqu’à la livraison ou réception du produit. Derrière le film projeté, se cachent tout un ensemble de rouages que l’on appelle l’industrie cinématographique, qui se définit comme un ensemble d’activités d’aspect commercial, relatives au monde du cinéma et qui sont généralement basées sur la production, la promotion et la diffusion des produits cinématographiques. Si l’on s’en tient à cette définition, on peut repérer un ensemble de problèmes qui gangrènent la production haïtienne. Il n’y a aucune préparation technique et artistique des gens évoluant dans ce milieu, pas de législation sur le cinéma malgré son ancienneté, au niveau économique, il n’y a aucune organisation, il n’y a pas de critiques spécialisées et aucun lieu de formation pour ceux et celles qui s’y intéresseraient de manière professionnelle, sinon Artists Institute située à Jacmel.
État des lieux du cinéma haïtien
On est en 2023 et on ne peut pas parler d’une industrie ou d’une production cinématographique haïtienne. Par ailleurs, ça et là, des cinéastes avec les moyens du bord ou sous financement parviennent tant bien que mal à s’en sortir et à proposer des documentaires ou des histoires fictives qui sont parfois sélectionnés dans des festivals internationaux. Parmi ces résistants on peut citer: Gessica Généus, Alexandrine Benjamin, Bruno Mourral, Obed Lamy, entre autres. Néanmoins, il paraît évident de mentionner l’absence des salles de cinéma dans le pays et souligner la non accessibilité de ces œuvres au public haïtien.
Widenie Bruno