Cette année, pour la première fois en Haïti, a lieu un événement inouï : le « Somè Sikoloji Pou Lapè ». Du 12 au 14 janvier, l’Association Haïtienne de Psychologie (AHPsy) et REBÂTI SANTÉ MENTALE nous ont conviés au plus grand Sommet pour la Paix jamais réalisé en Haïti. Lakou Breda, haut lieu symbolique et historique, situé dans la ville du Cap-Haïtien ; était le théâtre de cet événement fabuleux, très riche en émotions.
Et pour marquer cette grande première édition, des acteurs nationaux et internationaux ont été invités à prendre la parole autour du thème : « Rôle de la psychologie dans la construction de la paix durable en Haïti ». Expositions d’organisations, des ateliers, des réflexions, des jeux traditionnels et des causeries étaient offerts pour un menu riche et savoureux. Annoncé comme l’événement de l’année, le « Somè Sikoloji Pou Lapè » a tenu toutes ses promesses.
Se voulant très ambitieux, ce Sommet s’est donné pour mission d’explorer et de promouvoir le rôle de la psychologie dans la construction de la paix en Haïti ; et sensibiliser les professionnels haïtiens autour de leurs rôles pacificateurs.
C’était aussi le lieu de création de liens, de partages et d’échanges avec des invités de marque et des personnalités publiques, comme : la professeure Bayyinah Bello, l’économiste Kesner Pharel et le Coordonnateur de l’Unité de Santé Mentale (USM) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), René Domersant Jr.
Tout a débuté vers 1h dans l’après-midi du 12 janvier, calme et ensoleillé. Des sentiments de joie étaient visibles sur les visages contemplatifs des participants devant un paysage verdoyant, spacieux et attrayant. Devant un parterre d’étudiants et de jeunes professionnels, les différents intervenants ont défilé pour une brève prise de connaissance, sous les regards éblouis des participants.
Pour la grande ouverture de cet événement d’envergure, les organisateurs nous ont offert sur un plateau doré la professeure Bayyinah Bello pour une session interactive intitulée : « Regarder en arrière, être présent et regarder vers l’avenir ». Le public a vécu des moments d’euphorie avec l’historienne, qui a tenu un discours poignant et vibrant sur la recherche de notre identité et nos origines. Les participants sont restés ébahis devant la jeunesse et l’énergie qui déborde de la septuagénaire. Elle nous a gratifié un véritable spectacle. Accompagnée de tambourineurs, elle dansait, chantait des morceaux traditionnels que le public reprenait en chœur avec ferveur.
Peu de temps après, les participants ont été invités à faire des dessins libres et de courts poèmes qui sont restés exposés toute la soirée. Pour clôturer la première soirée, Ayiti Dans An Nou (un groupe de danse) a mis le feu sur la scène de la salle de conférence inaugurée à cette occasion, à travers une représentation de danse folklorique qui a charmé tout le public. Tout le monde s’est mis debout pour ovationner les danseurs, les tambourineurs et le saxophoniste du groupe pour leur avoir offert un si beau spectacle. C’était aussi un moment de convivialités. Puisque du même coup, les participants ont pu se délecter d’un savoureux cocktail et profiter de cette ambiance favorable aux prises de connaissance.
Au milieu d’un large éventail d’activités, plus d’une vingtaine de spécialistes qui ont composé des panels, alléchants et diversifiés, ont animé de riches discussions autour de ces thématiques-clés : « Pourquoi la consolidation de la paix est-elle nécessaire ? », « De quoi avons-nous besoin pour parvenir à la paix ?, « Les bénéfices de la paix dans le futur», pour ne citer que ceux-là.
Les organisateurs nous ont aussi gâtés avec toute une série d’ateliers très instructifs : « Konnen sa ki anndan tèt ou » avec le neurochirurgien haïtiano-américain Ernest Barthelemy, « Devlope lapè nan kè nou, Devlope lapè nan tèt nou » avec la psychologue haïtienne Béatrice Turnier, « La paix mondiale et la guérison communautaire » avec le psychologue africain Kevin Washington. Sans oublier des ateliers sur la « médecine des feuilles », « la prévention et le traitement de la toxicomanie » et « les enfants : art, musique et écriture ».
Il faut aussi noter la présence remarquable de plus d’une quinzaine d’organisations de la société civile : le Centre Hospitalier Fontaine Foundation, Lakou Lapè, la Fondation Toya, Nègès Kreyòl, Sant Sante Mantal Mòn Pele, Entr’Elles, Centre de Thérapie La Petite Chenille, Papyrus, et bien d’autres encore.
Une telle manifestation a aussi fourni de prétexte à la signature d’une déclaration de consolidation de paix. Pour la grande clôture de l’événement, les participants, vêtus de T-shirts noirs, ont également pris part à une marche de solidarité. Et dans la foulée, les organisateurs ont procédé à la remise de certificats aux participants pour leur assiduité durant ces 3 jours inoubliables.
Visiblement, tout le monde est sorti satisfait de ce magnifique événement truffé d’intrigues et de suspenses. Le comble de l’histoire : malgré le planning était connu plusieurs jours à l’avance, le public ne pouvait en croire ses yeux. Au dire de tous, c’était un moment unique.
« C’était une expérience extraordinaire, nous voyons combien il est important de parler de ce sujet. (…) Le public a été très réceptif (…). Nous avons eu beaucoup de jeunes, ce qui est intéressant (…). Nous sommes très satisfaits de l’accueil et de la participation du public. Ça a été un succès. » nous a confié Pascal Nery Jean-Charles, Président de l’AHPsy et Co-Président de cette première édition du Somè Sikoloji Pou Lapè.
Il n’y a pas plus belle manière d’aborder l’année que dans un esprit de vivre-ensemble et de partages au sein d’une mixité de personnes issues de toutes les couches sociales, économiques, politiques et religieuses du pays. C’est une preuve que nous formons tous “UN”. Et que si nous mettons de côté nos différences, nous pouvons construire la Paix en Haïti.
Abimaël-Romilus SÉVÈRE